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Cordage emmêlé, sang-froid déployé

Cordage emmêlé, sang-froid déployé

🗒️ Journal de bord – Jour 6
Traversée d’ouest en est

  • Distance parcourue en 24 h : 61 milles nautiques

  • Distance restante jusqu’à Horta : 1021 milles nautiques

  • Position : 42°02.77’ N / 050°28.71’ W

  • Hauteur des vagues : 2,5 mètres

  • Temps d’utilisation du moteur (depuis le jour 1) : 42 heures

  • Observation marine : Dauphins… et encore des dauphins ! 🐬

Hier soir a été particulièrement éprouvant côté rouli. Nous étions sur la drogue avec plus de 30 nœuds de vent et une mer formée de 2,6 mètres : ça secouait fort. Heureusement, la drogue a tenu à merveille, et nous en sommes bien heureux.

L’entrée de la drogue, en revanche, nous a offert son lot d’émotions. Pour la remonter, il faut réduire la tension en reculant un peu, puis défaire un côté. C’est ce que nous avons fait, et elle s’est libérée sans problème. Nous avons ensuite amené ce côté jusqu’à un winch, puis démonté l’autre.

C’est en intervenant sur la ligne que nous avons senti une résistance : le moteur, pourtant à l’arrêt, s’est éteint tout seul. En réalité, il tournait très lentement à l’envers… La corde s’était enroulée autour de l’arbre d’hélice.

Après plusieurs tentatives pour la dégager depuis le bateau, il a fallu se rendre à l’évidence : il fallait plonger. L’eau est à 13 °C en ce moment. Heureusement, j’ai un wetsuit à bord, et j’étais prêt. J’avais déjà plongé dans de l’eau froide ou par mer agitée, mais là, avec des vagues de 2,5 mètres, le bateau qui monte et descend au point de disparaître sous la ligne d’eau… c’était une autre histoire.

Il m’a fallu environ 15 minutes et deux descentes avec une pause de 5 minutes entre les deux pour dégager toute la corde. J’ai déroulé ce que je pouvais, puis j’ai dû couper le reste : une corde en nylon d’un pouce de diamètre. J’ai reçu quelques bons coups contre la coque de Lilium, probablement une forme de rétribution — c’était mon erreur, après tout !

Christine m’a profondément impressionné tout au long de cette épreuve. Elle est restée calme, ne m’a transmis aucune peur inutile, et m’a accueilli avec un vrai câlin à la fin. Elle gérait la corde que je portais autour de la taille pour me hisser à la surface entre les vagues. À 20 ans, ça aurait été une aventure drôle ; à 57, c’est une sacrée aventure.

Et le plus fou, c’est que l’eau était bonne. Sans les vagues, j’aurais presque trouvé ça plaisant.

Christine et moi naviguons ensemble depuis 2014. On a vécu pas mal d’histoires en mer. Et à chaque fois, je ne sais pas pourquoi, mais il y a toujours des dauphins à la fin pour nous remonter le moral. Aujourd’hui encore, plusieurs d’entre eux sont venus nous saluer. C’est un animal magnifique.

Remonter la drogue s’est ensuite fait sans accroc : je prenais le mou à chaque vague et Christine récupérait la tension au winch. En moins de 10 minutes, tout était à bord. Nous avons commencé vers 6 h, et à 7 h 45, nous étions de nouveau en route.

Malgré tout, l’expérience est positive. Et j’ai encore de la corde à bord pour refaire ce montage si nécessaire.

🌬️ Côté météo : les deux prochains jours s’annoncent avec des vents contraires, mais les vagues resteront de travers. Ce seront des conditions exigeantes, mais gérables, avec des vents ne dépassant pas 19 nœuds. Le seul vrai problème, c’est la mer toujours au-dessus de 2 mètres… donc ça va taper.

Notre décision de faire une pause d’une journée a changé complètement la fenêtre météo. Résultat : nous passons plus au nord. Nous sommes à 1021 milles nautiques des Açores… mais nous devrons en naviguer 1350 pour y arriver. Le voyage s’allonge !

À bientôt, depuis le grand large 🌊

Logbook – Day 6

East-to-west crossing

  • Distance covered in 24 h: 61 nautical miles

  • Remaining distance to Horta: 1021 nautical miles

  • Position: 42°02.77’ N / 050°28.71’ W

  • Wave height: 2.5 meters

  • Engine hours (since Day 1): 42 hours

  • Marine wildlife: Dolphins… and more dolphins! 🐬

Last night was quite rough in terms of rolling. We were on the drogue with over 30 knots of wind and 2.6-meter seas — it was a serious ride. The drogue held up beautifully, and we’re very glad it did.

Deploying the drogue was fine, but retrieving it was more emotional. The method is to reduce the tension by reversing a bit and undo one side. That’s what we did, and it came off perfectly. We brought that side to a winch and then removed the other.

While doing this, we felt some resistance, and the engine, though idle, shut off. It turned out it had been spinning very slowly in reverse — the line had wrapped around the propeller shaft.

After trying several maneuvers, we realized someone had to go into the water — currently at 13°C. Luckily, I had a wetsuit onboard and was ready. I’d been in cold water and on the side of a boat in waves before… but this time, with 2.5-meter waves and the boat rising and dropping below the waterline — it was something else.

It took me 15 minutes in total, with a 5-minute break between two attempts, to remove everything. I unrolled what I could and cut the rest — a 1” nylon rope. I got knocked around by Lilium a few times, probably fair punishment for my mistake!

Christine impressed me deeply during all this. She stayed calm and didn’t spread any fear, which would’ve helped nothing. And when I got back onboard, I got a real hug. She managed the safety line I was tied to, helping lift me up for air between waves.

At 20, this would’ve been a fun adventure. At 57, it’s a serious one. The craziest part? The water actually felt good — without the waves, I might’ve enjoyed it.

Christine and I have been sailing together since 2014. We’ve been through a lot at sea. And every time, I don’t know why, but dolphins show up at the end of the story to cheer us up. Today was no exception — several came by. They’re magnificent animals.

Bringing in the drogue afterward went smoothly: I took in the slack with each wave and Christine kept the tension on the winch. We had it all onboard in under 10 minutes. We started around 6 a.m., and by 7:45 we were underway again.

All in all, a positive experience. I still have enough rope onboard to remake the system if needed.

🌬️ Weather-wise, the next two days will bring headwinds, but the seas will stay on our beam. Challenging conditions, but manageable — with winds maxing out at 19 knots. The biggest issue is the constant 2-meter-plus waves — it’s going to pound.

Taking a one-day break completely shifted the weather window. As a result, we’re heading farther north. We’re 1021 nautical miles from the Azores, but we’ll end up sailing 1350 miles. That’s a much longer trip!

See you soon from the open sea 🌊
The crew of Lilium


Diario de a bordo – Día 6

Travesía de este a oeste

  • Distancia recorrida en 24 h: 61 millas náuticas

  • Distancia restante hasta Horta: 1021 millas náuticas

  • Posición: 42°02.77’ N / 050°28.71’ W

  • Altura de las olas: 2,5 metros

  • Horas de motor (desde el día 1): 42 horas

  • Fauna marina observada: Delfines… ¡y más delfines! 🐬

Anoche fue bastante dura en cuanto al balanceo. Estábamos con la drogue, con más de 30 nudos de viento y un mar de 2,6 metros — se movía mucho. Afortunadamente, la drogue aguantó perfectamente, y lo agradecemos mucho.

Instalarla fue fácil, pero recogerla fue más movido. La técnica consiste en reducir la tensión retrocediendo un poco y deshacer un lado. Así lo hicimos, y salió sin problema. Llevamos ese extremo al winch y desmontamos el otro.

Al hacerlo, sentimos resistencia, y el motor —aunque en punto muerto— se apagó. Resultó que giraba muy lentamente en reversa… la cuerda se había enrollado en el eje de la hélice.

Después de varios intentos, llegamos a la conclusión de que alguien tenía que meterse al agua — ahora a 13 °C. Por suerte tenía un traje de neopreno a bordo y estaba preparado. Ya me había metido al agua fría o con oleaje, pero esto fue distinto: con olas de 2,5 metros y el barco subiendo y bajando hasta meterse bajo la línea de flotación… otra historia.

Tardé unos 15 minutos en total, con una pausa de 5 minutos entre dos inmersiones, para quitarlo todo. Desenrollé lo que pude y corté el resto: una cuerda de nailon de 1 pulgada. Lilium me golpeó un par de veces, probablemente como castigo merecido por mi error.

Christine me impresionó profundamente. Se mantuvo serena, sin transmitir miedo innecesario. Y cuando terminé, me dio un verdadero abrazo. Ella gestionaba la cuerda de seguridad que tenía atada, ayudándome a salir del agua entre las olas.

A los 20 años, esto habría sido una aventura divertida. A los 57, es otra cosa. Y lo más loco: el agua estaba agradable. Sin las olas, habría sido disfrutable.

Christine y yo navegamos juntos desde 2014. Hemos vivido muchas aventuras en el mar. Y siempre —no sé por qué— al final de cada historia aparecen delfines para levantarnos el ánimo. Hoy no fue la excepción: vimos varios. Son animales magníficos.

Recoger la drogue luego fue sencillo: yo recogía el cabo flojo con cada ola, y Christine aplicaba tensión al winch. En menos de 10 minutos estaba todo a bordo. Empezamos a las 6 y a las 7:45 ya estábamos en marcha de nuevo.

En definitiva, una experiencia positiva. Y aún tengo cuerda a bordo para rehacer el sistema si hace falta.

🌬️ En cuanto al tiempo: los próximos dos días traerán vientos en contra, pero las olas seguirán de través. Condiciones exigentes, pero manejables, con vientos que no superarán los 19 nudos. El problema mayor es el oleaje constante de más de 2 metros… ¡va a golpear!

Haber parado un día cambió por completo la ventana meteorológica. Ahora vamos más al norte. Estamos a 1021 millas náuticas de las Azores… pero tendremos que navegar 1350 millas. ¡Se alarga el viaje!

Hasta pronto desde alta mar 🌊


commentaires

  • Anonyme 09/06/2025

    Amitié et calins... EvaRose

  • Samantha 09/06/2025

    J'en reviens toujours pas de cette histoire, vous êtes des machines !!! Toute qu'une mésaventure. Comme vous l'avez dit : maintenant c'est assez de péripétie, un reste de traversée en douceur serait bien apprécié 🤞🙏. PS: le passage sur les dauphins avec votre photo à l'appui 🥺🫶 je vous aime xxx

  • Raphaël 09/06/2025

    Wow incroyable! Une chance que vous êtes préparés et que tu as pensé à tout 2 fois plutôt qu'une Pascal! Bon courage, vous vivez une belle aventure xx

  • Cecile 10/06/2025

    Bonsoir Pascal et Christine, Je viens de lire votre dernier récit et je suis vraiment impressionné ! Vous avez un courage incroyable et c’est beau de voir l’amour qui vous unit dans cette aventure. Je vous aime et je vous envie un peu, même si l’idée d’être sur un bateau me fait un peu peur. Vos histoires me fascinent et je commence à comprendre des termes comme « 20 nœuds », que je découvre être préférable à « 26 nœuds ». C’est drôle, je n’aurais jamais pensé m’y intéresser, mais vos récits me rapprochent de votre expérience. Ne lâchez rien dans la réalisation de votre rêve ! Sachez que vous avez tout notre soutien et nos pensées positives. Regardez toujours vers le ciel, il y a plein de gens qui veillent sur vous. Continuez à avancer et à partager ces moments précieux ! Prenez soin de vous !

  • Audrey 10/06/2025

    Je m’inquiétais ce matin de ne pas avoir de vos nouvelles! Après la lecture de cette dernière journée, je comprends le délai!😱 Toute une aventure, vous formez une équipe incroyable! En espérant que les dauphins sont signent aussi d’un peu plus de calme en mer. La drogue c’est non!😜 je pense à vous! Gros câlin

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