Jour 9 – Plus de milles derrière que devant

🗒️ Journal de bord – Jour 9

Traversée d’ouest en est
Distance parcourue en 24 h : 141 milles nautiques
Distance restante jusqu’à Horta : 756 milles nautiques
Position : 43°29.50’ N / 043°57.30’ W
Hauteur des vagues : 2,3 mètres
Heures moteur cumulées depuis le départ : 88 heures
Observation marine : Dauphins et baleine 🐬

C’est fait : nous avons désormais parcouru plus de milles nautiques qu’il n’en reste à faire. Un cap psychologique important pour nous. Nous naviguons maintenant dans les eaux du Gulf Stream, une zone où vents et vagues deviennent plus stables et prévisibles.

La première moitié de cette traversée a été bien plus éprouvante que prévu. Les Grands Bancs de Terre-Neuve portent bien leur réputation : dépressions puissantes et mer formée. Cette année n’a pas dérogé à la règle. Trois jours de navigation au près, moteur allumé en continu — une première pour moi… et une expérience que j’aimerais éviter à l’avenir.

Les conditions difficiles ont laissé quelques traces sur Lilium. Rien de grave, mais pas mal de petites réparations à prévoir : le support du radeau de survie est quasiment désoudé, plusieurs manilles non sécurisées par des goupilles se sont dévissées et perdues. Ce ne sont que des détails, mais cela témoigne du stress imposé au bateau.

Aujourd’hui, nous avons bien senti les effets du courant du Gulf Stream : des pointes à 10 nœuds au GPS et 7,5 nœuds sur l’eau. Nous devions avoir un vent de grand largue tribord (135°), mais il s’est installé pile dans l’axe arrière, à 180°. Pas l’idéal pour Lilium, même avec les voiles en ciseaux. Le génois s’effondrait à chaque vague avant de se regonfler brutalement, s’autodétruisant peu à peu.

Nous avons donc installé la perche à spi pour tenir le génois bien ouvert. Résultat : voiles stabilisées, et navigation nettement plus confortable. Autre amélioration : passage du pilote automatique en mode Wind Vane. Dans ce mode, le pilote ne suit plus un cap, mais la direction du vent. On ajuste ensuite manuellement en cas de décalage, ce qui permet de maintenir les voiles bien équilibrées et d’éviter un empannage accidentel — une priorité, surtout avec des vents oscillant entre 17 et 25 nœuds.

Les vagues frappent désormais l’arrière du bateau, finies les claques à l’étrave. Place au roulis, qui, espérons-le, devrait se calmer d’ici ce soir.

Christine a eu une belle frayeur aujourd’hui : une poulie qui retenait la bôme pour éviter les empannages a lâché, et la bôme est venue heurter violemment le dodger, juste devant elle. Heureusement, aucun dégât, juste un anneau défaillant… et une moussaillonne un peu secouée.

Hier soir, un banc de plus de 50 dauphins nous a escortés un moment — magique et terriblement motivant. Et ce matin, une baleine est venue battre de la queue à moins de 100 mètres de nous. Ces instants suspendus font vite oublier le roulis, les bruits, les réparations et le manque de sommeil.

Les prévisions sont bonnes pour les jours à venir. Une seule dépression devrait nous rattraper, mais dans de bonnes conditions : vents portants de 15 à 20 nœuds. Encore un peu de roulis à prévoir, juste avant notre arrivée prévue aux Açores le 19 juin. On commence à y croire !

À bientôt, depuis le grand large 🌊

Logbook – Day 9

East to West Crossing
Distance sailed in 24h: 141 nautical miles
Distance remaining to Horta: 756 nautical miles
Position: 43°29.50’ N / 043°57.30’ W
Wave height: 2.3 meters
Engine hours since departure: 88 hours
Marine life spotted: Dolphins and whale 🐬

We’ve done it – we’ve now sailed more miles than we have left to go. A major milestone for us. We're now in the Gulf Stream, where wind and wave patterns are more stable and predictable.

The first half of the crossing has been much tougher than expected. The Grand Banks of Newfoundland lived up to their fearsome reputation – deep depressions and heavy seas. And this year was no exception. We spent three days beating into the wind, with the engine on… a new experience for me, and one I’d prefer not to repeat.

Lilium is beginning to show signs of wear from the bad weather. Nothing serious, but lots of small issues: the liferaft bracket is nearly torn off, and several shackles not secured with cotter pins have unscrewed themselves and disappeared. No major damage, but it hasn’t been an easy ride.

Today, we clearly felt the boost of the Gulf Stream: we hit 10 knots over GPS and 7.5 knots through the water. We were expecting a broad reach on starboard tack (135°), but the wind came from dead astern, at 180°. Not ideal for Lilium — even with wing-on-wing sails, the genoa was flogging violently with every wave.

We decided to set the spinnaker pole to hold the genoa open — a great move. It stabilized the sail completely. We also switched the autopilot to Wind Vane mode, which follows the apparent wind direction instead of a set course. When needed, we adjust the target wind angle manually. This keeps the sails balanced and helps prevent accidental gybes — a real danger with winds shifting between 17 and 25 knots.

The waves are now hitting us from the quarter — no more pounding at the bow, just a steady roll, which should ease by tonight.

Christine had quite a scare today when a block securing the boom preventer failed, and the boom slammed into the dodger — right where she was standing. A broken ring was the culprit. No damage, no injury — just a startled crew member.

Last night, we crossed paths with a pod of over 50 dolphins — an incredible boost to morale. And this morning, a whale slapped its tail just 100 meters from the boat. These small wonders make us forget the rolling, the repairs, and the lack of sleep.

The forecast looks excellent for the next few days. Only one depression is expected to catch up with us, but it should bring 15–20 knot tailwinds — just a bit more rolling before our arrival in the Azores, now expected June 19. We’re starting to believe it!

See you soon — from the open sea 🌊

Bitácora – Día 9

Travesía de este a oeste
Distancia recorrida en 24h: 141 millas náuticas
Distancia restante hasta Horta: 756 millas náuticas
Posición: 43°29.50’ N / 043°57.30’ W
Altura de las olas: 2,3 metros
Horas de motor acumuladas desde la salida: 88 horas
Avistamientos marinos: Delfines y una ballena 🐬

¡Lo hemos logrado! Ahora hemos navegado más millas de las que nos quedan por recorrer. Un momento clave para nosotros. Entramos en la corriente del Golfo, donde los vientos y las olas son más estables y previsibles.

La primera mitad de la travesía ha sido más dura de lo que imaginábamos. Los Grandes Bancos de Terranova tienen fama de ser difíciles, y lo han demostrado: depresiones fuertes y mares agitados. Este año no fue la excepción. Pasamos tres días ceñiendo, con el motor encendido… una experiencia nueva para mí, pero que no quiero repetir.

Lilium empieza a mostrar los efectos del mal tiempo. Nada grave, pero hay varias cosas que revisar: el soporte de la balsa salvavidas está casi suelto, y varios grilletes sin pasadores se han desenroscado y perdido. Son detalles, sí, pero muestran que la travesía no ha sido fácil.

Hoy, hemos sentido claramente el empuje de la corriente del Golfo: alcanzamos picos de 10 nudos en el GPS y 7,5 nudos sobre el agua. Esperábamos un viento por la aleta de estribor (135°), pero en realidad nos vino desde atrás, 180°. Nada ideal para Lilium — incluso con las velas en alas de mariposa, el génova se colapsaba con cada ola y se golpeaba al inflarse otra vez.

Decidimos montar el tangón de spi para mantener el génova desplegado. Fue todo un acierto: la vela se estabilizó. También activamos el piloto automático en modo Wind Vane, que sigue la dirección del viento en lugar de un rumbo fijo. Si hay un desvío, ajustamos manualmente el ángulo del viento. Esto hace que el rumbo sea más estable y evita trasluchadas accidentales, especialmente con vientos entre 17 y 25 nudos.

Las olas ahora nos vienen por la aleta, ya no golpean de frente. Ha llegado el rolido, pero debería calmarse esta noche.

Christine tuvo un buen susto hoy: una polea del retenedor de la botavara se rompió, y la botavara golpeó contra el dodger justo donde ella miraba. Fue solo un anillo suelto, sin daños, solo una tripulante asustada.

Anoche nos cruzamos con un banco de más de 50 delfines — emocionante y alentador. Y esta mañana, una ballena golpeó el agua con su cola a unos 100 metros de nosotros. Estos pequeños momentos nos hacen olvidar el rolido, los desperfectos y la falta de sueño.

El pronóstico es muy favorable para los próximos días. Solo una depresión podría alcanzarnos, pero traerá vientos portantes de 15 a 20 nudos — un poco más de rolido antes de llegar a las Azores, previstas para el 19 de junio. ¡Ya empezamos a creer que lo lograremos!

Hasta pronto, desde alta mar 🌊